Il y a là des instantanés en voie de disparition. Des inconnus héros malgré eux, aux regards connus, douce allégorie d’un monde qu’il côtoie régulièrement. Du peuple des mortels aux icônes l’impact en est différent. Les traits tirés de certains visages vous alarment montrant la fragilité de l’être.
Photographe du collectif Harcourt, Nikos Aliagas a traversé les effleurements et incertitudes du show-biz français et international à sa façon. Entre acteurs-crooners du grand écran parfaitement épinglés et autres artistes, le silence régnant à la Conciergerie – ancienne demeure des Rois de France nous fait entrer dans l’intimité des personnages plus (im)mortels que prévu. Les lunettes noires agissent tel un révélateur car cette star-là ne montrera pas le reflet de son âme. Tandis que d’autres visages se laissent deviner faisant ressortir leur bonhomie où du plus profond l’enfant qui sommeille toujours en eux.
Tout en nuances il nous livre un autre regard sur les inconnus interpellés sur sa route. Croisés dans un bref instant de notoriété ils livrent à leur façon un instant de vie, de leurs préoccupations, qu’il parvient aisément à nous transmettre. On se réjouit de voir le bonheur des enfants mauriciens qui distillent « pureté et élégance pas encore abîmés par les désillusions de la vie. »
Si sa série de clichés D’une main à l’autre implique des mains apprêtées, des mains fermées et d’autres marquées, Nikos nous le révèle « les plus beaux visages n’ont rien à cacher. »
Au gré de ses voyages on embarque, on entrevoit des visages nouveaux. Ceux qui nous laissent entrer chez eux ne sont pas ceux que l’on croit. La tristesse et les épreuves a façonné les visages et les âmes. En route les paysages deviennent arides, presque désertiques. La simplicité des regards devient bien plus parlante.
Du temps des rites et des croyances on pouvait se faire voler son âme, Nikos a emprunté aux âmes les lueurs qui les animent l’espace d’un instant. Des voix silencieuses qui agitent les murs d’un palais de rois.
Exposition à suivre au Fort Saint-André de Villeneuve-Lez-Avignon
Après toutes ces passions, ces nuits d’épouvante à guetter l’être presque aimé… Ces manies, ces trajectoires, ce désordre rencontré dans ta quête (d’)absolu(e) ?
Cet amour que tu cherchais tant et qui parfois étranglait, basculait, se détournant de tes bras… Tu l’avais perçu, pressenti et bien sûr conquis…
Cette lutte, cet instantané : c’est ça que tu cherchais à conquérir ?
Avant cette course tu n’étais pas un être infatigable – il t’en avait fallu du temps pour te remettre, pour hurler à la vie ton envie de vivre et d’être aimé!
Ce n’est pas que le temps t’étais compté – la lutte est inégale face à notre société de trottoirs vers-glacés, rues aseptisées… Il te fallait retrouver un terrain de jeux… Un toboggan ou glisseraient à nouveau tes rêves de renouveau
Chasser l’incertitude : éloigner la mer(e) de tous tes doutes, celle qui t’avait parfois trop sermonné dans ta jeunesse, te répétant d’ « adopter un comportement élégant, une écriture soignée et un langage poli »… Mais toi tu étais un po(l)isson
Dans ton regard se tramait les dernières nuées de malice, celle qui était congénitale… Les traînées de poudre laissées pendant l’enfance t’avaient valu quelques réprimandes et punitions
Jamais de coups, les coups c’était pour les enfants disciplinés… Pour les enfants de ceux qui pensaient que la société les respecteraient
Toi tu avais compris.. Bien avant les autres, avant que l’institutrice ne cherche à t’humilier devant tes camarades… Tu n’étais pas dupe
« Pas d’émoi sans moi ! »
Il fallait que tu sois là, non pas au milieu de la foule, tu n’étais pas le clown de service qui faisait rire les lycéens… Tu serais celui qui existerait ! Les considérations des professeurs suscitaient les regards admiratifs des jeunes femmes… Et le mépris des autres
Ceux qu’on aimaient pas, qu’on ne regardent pas…
Ça t’étais intolérable d’être dans cette catégorie, car tu te mentais à toi même
Ton cœur brûlait d’aventures peu communes, de rencontres en tous genres, d’histoires à raconter
« Tout ça ce n’est qu’une étape ! »
La science des atomes t’étais familière, bientôt tu pensais découvrir la chimie des fluides, mais c’est la mécanique des sentiments que tu as découvert en premier
Pour satisfaire ton manque d’amour propre, le peu de considération que tu pouvais avoir – toi, scientifique à lunettes, l’obsédé des théories, l’homme navré de son manque d’influence envers l’ humanité…
Tu avais du ressort : au moins le monde rejaillirait d’histoires, de femmes à aimer… Comment pourraient t-elles faire autrement ?
Pas briseur de cœur pour un sou, il a fallu que toi l’homme bien sous tous rapports, rencontre une femme corrompue…
A pâlir de la sorte, éprouvé puis complètement apâli, se rapprochant d’un linceul… Tes parents à te voir dans cet hospice avaient failli à leur tâche, ils se demandaient s’ils auraient dû être moins tolérants ou plus durs, ou plus ou moins permissifs ou moins-plus, plus, moins, moins-moins, plus, plus… De ton côté ton esprit, tes pensées et tes envies étaient en jachère
Puis tout à changé : plus d’école, de parents, de lunettes… Tu avais décidé de rendre l’opticien f(l)ou… Un peu de sadisme n’avait jamais fait de mal !
« Quitte…! ou double… »
Tu n’étais pas un resquilleur mais tu t’y habituerai bien, tes nouvelles relations t’y encourageront
Et tu te retrouveras – parfois – désolé de tes attitudes, tes coups de sifflets, de colère… Ces tempêtes interminables qui t’avait empêtré dans la noirceur… C’était donc ça la vie, la vie d’un homme qui jouit de la vie ?
Gâchis, embrouilles, rend-coeur(s)… Tel était devenu ton lot
Tu plongeai dans l’amertume, tu apprenais le doute dans l’allégresse et la charité dans vos corps qui se mélangeaient dans l’immobilité de l’aurore…
Tu conjuguais tant et temps… Et tant de femmes durant tout ce temps
Ce temps qui passe, et ces moments qui suivent… L’oubli, le vide, l’escarmouche
La fragilité de notre être, cette dimension futile de nos existences qui s’entrecroisent… Et se recroisent parfois, presque jamais en réalité, car une fois l’acte consommé c’est préférable d’en rester là…
Oui mais alors ? A quoi ça servirait, qu’est-ce qu’on ferait, qu’est ce qu’on en verrait de not’ vie ?
Les allers et retours, un métier pas toujours alléchant mais on as vu pire
Et puis c’est plaisant toutes ces rencontres, on naît jamais seul..!
Parfois on se retrouve comme mort, détruit, rongé de l’intérieur… Mais plus à genoux, ça c’est bien fini !
Tu l’as vu de près cette petite mort, tu en as compris les règles… Qui perds gagne et parfois morfle… Puis on revient à la raison, vivre avec une femme dans un coin douillet de la capitale, c’est pas la mort ça, hein ?
Et ce beau jour arrive et tout se met en route, le moteur de ta jolie décapotable est tout vrombissant… Après avoir trouvé votre point d’attache vous roucoulez comme les mésanges lors de leur première couvée…
Il faut admettre que la vie de couple et toi ça ne fait plus deux…
Consentir et ne plus dire mot a été banni de ton vocabulaire et malgré le vœu d’obéissance à l’amour, tout bascule…
Tu entends cette voix, elle est de retour et elle chuchote tout doucement :
« A force de vouloir aimer… aurais-tu trop aimé ? »
Volte-face… Le petit oiseau va mourir, s’il meurt cette fois ci…
Sur une avenue résidaient des passants extraordinaires
Heureux de l’Etre ils sommeillaient rarement
Leurs vies les avaient toujours guidés vers les cieux les plus vastes
Arrivés en haut de leur montagne ils avaient franchi la voie de la vie
Puis, le temps ne fut plus qu’un refuge
Dépassés par l’incertitude ils pensaient,
Ces pensées avaient germé, s’étaient réalisées et avaient pris forme humaine
Pas de bol, la vie s’en allait désormais !
Sourds mais plein d’éclats multiples ils divaguaient dans les rues
A la recherche d’une destinée intrépide c’était du déjà vu mais que voulez-vous ?
Leurs vies jalonnées d’aventures n’étaient plus à leur portée
Lentement leur flamme intérieure s’évaporait laissant place aux spectres de l’infini
Quid du paradis ?
Ils avaient déjà vu tant de choses, la Terre si grandiose avait respecté chacune de leurs attentes
Aucune suite mortuaire possible
Mais ils ne s’apitoyaient pas – le chemin avait été long, leur marche ne les éclairait pas sur leur avenir, et la lumière qu’ils entrevoyaient ne les intéressaient pas…
Ils ne regardaient plus le ballet des avions, l’équilibre précaire était marqué d’étincelles
Leur carnet de route devait être céleste, guidé par l’Etoile de l’étranger
Sur un fonds clair obscur le cœur peinait à dé-battre
Halte de l’horloge, l’homme n’est pas immortel
Dé-liaison en dehors de l’écurie
Littoral magique de manuscrits gantés
Monologue naïf d’un musicien qui nage dans les mythes de sa propre nation
Un épisode fugace, des souvenirs lointains. Trouver celui qui collera parfaitement à l’attente. Sans ambages.
L’esprit est déconcerté, l’être dévêtu de son passé…
L’exploration débute. Archivage mental. Il faut passer ça au peigne fin, ne pas hésiter à scanner un ensemble – à déterminer.
Réminiscence de clichés familiaux, rebuts collectifs d’albums dispersés.
Bribes d’instants immortalisés, stockés dans des armoires transformés en faitouts débordants.
Accumulation de preuves de vie : rites de passages en tous genres. Instantanés d’émotions.
Commentaires laissés sans commissions. Vagabondages ou promenades à travers le temps.
Juste une autre page qui se tourne.
Rendez-vous est donné. A l’heure dite les pensées sont diffuses. L’accompagnatrice suggère de choisir le plus beau.
On tergiverse, on se remémore encore…
Puis, la mémoire se fixe sans appel. Retour cataleptique dans l’enfance. Détente automatisée des sens. Crispations, expirations et larmes dégringolantes.
Visualisations pacifiques. Sentiment familier et retrouvailles sommaires.
Affections utérines en déliquescence.
Sanctification du don sans oublis, ni alibis.
Cheminement de manuscrits. Répétitions des caractères. Soudure de reliures. Embellissements métaphoriques.