De pourpre et d’or – Cie Les Anges au Plafond, Camille Claudel

Dans ce spectacle mettant en scène Camille Claudel, la compagnie les Anges au Plafond a souhaité montrer la vie d’une femme avec la translucidité de l’albâtre : opaque mais dont la taille permet d’en saisir les facettes 

Camille Claudel rencontre le sculpteur Auguste Rodin à l’âge de 19 ans. Inspirant tout d’abord Rodin dans ses œuvres elle devient  sa muse puis son amante. Praticienne et élève appliquée, Camille disait que « son grand désir, son idéal » est de vouloir habiller l’idée de pourpre et la couronner d’or.

Il est vrai que le besoin de légitimité a jalonné la vie de Camille. Son parcours d’artiste ponctué par la passion amoureuse, la précarité puis l’oubli s’est établi avec toutes les difficultés que pouvait engendrer le fait d’être née femme à cette époque.

La sculpture largement enseignée de façon académique par des hommes ne permettait pas aux femmes de se projeter dans cette profession. Pourtant Camille Claudel brave les préjugés. Cette demoiselle visionnaire et déterminée  issue de la bourgeoisie partage un atelier de sculpture et une chambre avec d’autres jeunes filles.

Cet art exerce un attrait certain en cette fin de 19 ème siècle,  les techniques sont rôdées et l’état fait partie des nombreux  commanditaires.

 

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Celle qui déclamait la liberté à grands cris voit ainsi son atelier recrée via l’espace scénique de Meudon, ville de Rodin. L’interaction avec le public s’en trouve réussie notamment à travers l’utilisation d’une alcôve où des voiles ainsi que des toiles sont tendues. Chaque couche révèle alors une bribe d’histoire qui se superpose au fur et à mesure. Les ombres portées dirigent de façon définitive le regard sur le temps qui fuit.

 

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Accompagnant de leurs voix des instruments à vent ainsi que des objets de verre,  pierre et  papier,  les chuchoteuses et musiciennes de la compagnie font glisser la pièce.

Ce modus vivendi nous permet d’apprécier cette ode féminine dont le drame nous est délivré subtilement.

 

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Camille, héroïne de ses années de formation progresse vers la démence et sa destinée l’entraînera au Pavillon des Agités. La narration juxtapose habilement ce passé et ce futur. On apprends que Paul – le frère et fidèle ami de jeu de Camille lui promet d’être toujours là pour elle même si elle perds la tête.

« Il faut voir avec les mains » disait Rodin. Ce précepte suivi par les marionnettistes présentes in situ pousse cet art un peu plus loin.  D’une marionnette de papier fragile Camille Trouvé forge une œuvre. Contrairement aux détracteurs faisant leur apparition dans les recoins de l’alcôve ses œuvres sont nourries par celle des mains de Camille. Elle nous démontre que le travail de Camille Claudel est également complexe et nous fait entrevoir qu’il abrite un  golem prégnant  fondé sur son rapport avec la matière première.

La compagnie les Anges au Plafond a adapté la vie de Camille Claudel au théâtre avec brio. Les marionnettistes interprètent parfaitement les personnages en faisant ressortir la  satire sociale.

 

 

 

Les Anges au Plafond sont en tournée française et européenne

 

Copyright ©  Céline Burr

 

 

 

 

 

Est-ce que tu aimes encore…

Après toutes ces passions, ces nuits d’épouvante à guetter l’être presque aimé… Ces manies, ces trajectoires, ce désordre rencontré dans ta quête (d’)absolu(e) ?

Cet amour que tu cherchais tant et qui parfois étranglait, basculait, se détournant de tes bras… Tu l’avais perçu, pressenti et bien sûr conquis…

Cette lutte, cet instantané : c’est ça que tu cherchais à conquérir ?

Avant cette course tu n’étais pas un être infatigable – il t’en avait fallu du temps pour te remettre, pour hurler à la vie ton envie de vivre et d’être aimé!

Ce n’est pas que le temps t’étais compté – la lutte est inégale face à notre société de trottoirs vers-glacés, rues aseptisées… Il te fallait retrouver un terrain de jeux… Un toboggan ou glisseraient à nouveau tes rêves de renouveau

Chasser l’incertitude : éloigner la mer(e) de tous tes doutes, celle qui t’avait parfois trop sermonné dans ta jeunesse, te répétant d’ « adopter un comportement élégant, une écriture soignée et un langage poli »… Mais toi tu étais un po(l)isson

Dans ton regard se tramait les dernières nuées de malice, celle qui était congénitale… Les traînées de poudre laissées pendant l’enfance t’avaient valu quelques réprimandes et punitions

Jamais de coups, les coups c’était pour les enfants disciplinés… Pour les enfants de ceux qui pensaient que la société les respecteraient

Toi tu avais compris.. Bien avant les autres, avant que l’institutrice ne cherche à t’humilier devant tes camarades… Tu n’étais pas dupe

« Pas d’émoi sans moi ! »

Il fallait que tu sois là, non pas au milieu de la foule, tu n’étais pas le clown de service qui faisait rire les lycéens… Tu serais celui qui existerait ! Les considérations des professeurs suscitaient les regards admiratifs des jeunes femmes… Et le mépris des autres

Ceux qu’on aimaient pas, qu’on ne regardent pas…

Ça t’étais intolérable d’être dans cette catégorie, car tu te mentais à toi même

Ton cœur brûlait d’aventures peu communes, de rencontres en tous genres, d’histoires à raconter

« Tout ça ce n’est qu’une étape ! »

La science des atomes t’étais familière, bientôt tu pensais découvrir la chimie des fluides, mais c’est la mécanique des sentiments que tu as découvert en premier

Pour satisfaire ton manque d’amour propre, le peu de considération que tu pouvais avoir – toi, scientifique à lunettes, l’obsédé des théories, l’homme navré de son manque d’influence envers l’ humanité…

Tu avais du ressort : au moins le monde rejaillirait d’histoires, de femmes à aimer… Comment pourraient t-elles faire autrement ?

Pas briseur de cœur pour un sou, il a fallu que toi l’homme bien sous tous rapports, rencontre une femme corrompue…

A pâlir de la sorte, éprouvé puis complètement apâli, se rapprochant d’un linceul… Tes parents à te voir dans cet hospice avaient failli à leur tâche, ils se demandaient s’ils auraient dû être moins tolérants ou plus durs, ou plus ou moins permissifs ou moins-plus, plus, moins, moins-moins, plus, plus… De ton côté ton esprit, tes pensées et tes envies étaient en jachère

Puis tout à changé : plus d’école, de parents, de lunettes… Tu avais décidé de rendre l’opticien f(l)ou… Un peu de sadisme n’avait jamais fait de mal !

« Quitte…! ou double… »

Tu n’étais pas un resquilleur mais tu t’y habituerai bien, tes nouvelles relations t’y encourageront

Et tu te retrouveras – parfois – désolé de tes attitudes, tes coups de sifflets, de colère… Ces tempêtes interminables qui t’avait empêtré dans la noirceur… C’était donc ça la vie, la vie d’un homme qui jouit de la vie ?

Gâchis, embrouilles, rend-coeur(s)… Tel était devenu ton lot

Tu plongeai dans l’amertume, tu apprenais le doute dans l’allégresse et la charité dans vos corps qui se mélangeaient dans l’immobilité de l’aurore…

Tu conjuguais tant et temps…  Et tant de femmes durant tout ce temps

Ce temps qui passe, et ces moments qui suivent… L’oubli, le vide, l’escarmouche

La fragilité de notre être, cette dimension futile de nos existences qui s’entrecroisent… Et se recroisent parfois, presque jamais en réalité, car une fois l’acte consommé c’est préférable d’en rester là…

Oui mais alors ? A quoi ça servirait, qu’est-ce qu’on ferait, qu’est ce qu’on en verrait de not’ vie ?

Les allers et retours, un métier pas toujours alléchant mais on as vu pire

Et puis c’est plaisant toutes ces rencontres, on naît jamais seul..!

Parfois on se retrouve comme mort, détruit, rongé de l’intérieur… Mais plus à genoux, ça c’est bien fini !

Tu l’as vu de près cette petite mort, tu en as compris les règles… Qui perds gagne et parfois morfle… Puis on revient à la raison, vivre avec une femme dans un coin douillet de la capitale, c’est pas la mort ça, hein ?

Et ce beau jour arrive et tout se met en route, le moteur de ta jolie décapotable est tout vrombissant… Après avoir trouvé votre point d’attache vous roucoulez comme les mésanges lors de leur première couvée…

Il faut admettre que la vie de couple et toi ça ne fait plus deux…

Consentir et ne plus dire mot a été banni de ton vocabulaire et malgré le vœu d’obéissance à l’amour, tout bascule…

Tu entends cette voix, elle est de retour et elle chuchote tout doucement :

« A force de vouloir aimer… aurais-tu trop aimé ? »

Volte-face… Le petit oiseau va mourir, s’il meurt cette fois ci…

Copyright ©  Céline Burr

Toute reproduction ou copie même partielle est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’auteure

D’alors…

                                 Vos beaux yeux par Philippe de la Boirie

Figure d’une étreinte sur un piano,

Dimension furtive et vie reculée de deux amants

Époque tracée dans notre être,

Arrière-plan découvrant la musique d’alors

Et l’incarnation de deux personnages f(l)ous

Portrait féminin d’une existence emprunte de délicatesse et d’espérance,

Futilité et crédulité mêlées…

Salons de danse rococo et réceptions en l’honneur de ce musicien,

Joie singulière de nos pas chassés

Connivence immédiate,

Attrait puis oubli

Absence d’une créature familière qui se dérobe,

Remous intérieurs et exubérances

Pertes en tous genres

Désarroi et prémices de la belle dans cette danse du désamour,

Pandore s’élève…

Copyright ©  Céline Burr

Toute reproduction ou copie même partielle est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’auteure

Mnemonic

« Gens » par Photos Libres

Un épisode fugace, des souvenirs lointains. Trouver celui qui collera parfaitement à l’attente. Sans ambages.

L’esprit est déconcerté, l’être dévêtu de son passé…

L’exploration débute. Archivage mental. Il faut passer ça au peigne fin, ne pas hésiter à scanner un ensemble – à déterminer.

Réminiscence de clichés familiaux, rebuts collectifs d’albums dispersés.

Bribes d’instants immortalisés, stockés dans des armoires transformés en faitouts débordants.

Accumulation de preuves de vie : rites de passages en tous genres. Instantanés d’émotions.

Commentaires laissés sans commissions. Vagabondages ou promenades à travers le temps.

Juste une autre page qui se tourne.

Rendez-vous est donné. A l’heure dite les pensées sont diffuses. L’accompagnatrice suggère de choisir le plus beau.

On tergiverse, on se remémore encore…

Puis, la mémoire se fixe sans appel. Retour cataleptique dans l’enfance. Détente automatisée des sens. Crispations, expirations et larmes dégringolantes.

Visualisations pacifiques. Sentiment familier et retrouvailles sommaires.

Affections utérines en déliquescence.

Sanctification du don sans oublis, ni alibis.

Cheminement de manuscrits. Répétitions des caractères. Soudure de reliures. Embellissements métaphoriques.

Mouvement de recul. Geste signal :

– « Extension, flexion »

Inspiration. Mise en abyme et redescente.

Entre-vues. Allégement. Déroulement de sapience.

Suite

Copyright ©  Céline Burr