Loup y es-tu ? Magali Chouinard

A l’aide du jeu visuel exclusivement, celle qui engendre une immersion continue provoque l’apparition de nos souvenirs d’enfance. Ame nomade mêle dessin et théâtre de papier dans une installation composée de strates scéniques.

Nos sens avertis tentent de suivre le déroulement : une dame d’un grand âge puis une petite fille apparaissent. On décide de la pister mais déjà elle disparaît dans les méandres de la forêt.

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Il n’est pas aisé de garder sa capacité de réflexion intacte tant le voyage qui nous est proposé nous déroute. Loin de notre monde d’adultes, le trajet est inversé et nous sommes catapultés vers nos promenades enfantines.

Etonnés de ce monde qui nous paraissait à des milliers d’années de la réalité, Magali nous ravit. Artiste renommée au Canada pour ses talents étendus elle a rejoint le théâtre de marionnettes en 2008. Cultivant un onirisme récurrent dans ses mises en scène il y a ici matérialité. Dans ce rôle d’actrice de chair, elle personnifie elle même la malléabilité de la poupée.

On porte un autre regard sur le « Qui manipule qui ? » Finalement on pourrait croire que Magali nous fait entrevoir un spectacle destiné à des adultes en manque d’enfance. Cependant à chacun de faire le choix entre le réel et par conséquent le virtuel généré.

Cet ailleurs qui n’existe que dans l’imagination de cette enfant est porté par des animaux. Ils prennent à leur tour l’initiative de faire s’envoler notre temps présent et même de rapprocher nos songes oubliés. La figure du loup y tient un rôle fondamental : il prend beaucoup de place dans le cœur de la petite fille. Se nouent alors des liens qui vont au delà de la survie. Magali, qui incarne tour à tour, une femme âgée, une jeune fille et une petite fille nous fait découvrir que les dimensions de son jeu sont plus denses.

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Elle rapetisse pour nous laisser entrevoir que tous ses personnages ont la faculté de renaître et de dépasser le vivant. Le corps, la sensorialité et l’âme sont alors unies.

L’enchantement est multi-factoriel et nous berce à l’infini.

Festival mondial des théâtres de marionnettes,

Charleville-Mézières,  22 septembre 2017

Copyright ©  Céline Burr

Péril à trois – Stéphane Fratti

Murmure déroutant, force nous éloignant et nous rapprochant…

Super-héros, trio – affront du quotidien

Comment la danse est rentrée dans votre vie et comment vous est venue l’idée du spectacle “Mur mur”  ?

Rémi Leblanc-Messanger, danseur J’ai commencé la danse à la fac de Rennes. J’étais étudiant en histoire de l’art.

Vous êtes tombé là dedans par hasard ?

Je ne sais pas comment je suis rentré dans la danse, mais j’y suis rentré !

C’est la que j’ai rencontré une étudiante qui avait terminé son cursus en danse à Montpellier et qui m’a conseillé de passer une audition dans une école du Sud de la France. C’est ainsi que j’ai débuté la danse. Après avoir finalisé mon cursus en danse je me suis installé à Paris, ce qui a suivi c’est le cursus standard : les auditions, les cours, les rencontres…

Comment le trio s’est formé ?

Ça n’a pas débuté par un trio.

Stéphane Fratti, chorégraphe et danseur  Il y a eu plusieurs étapes de travail avec différentes personnes – comme l’a souligné Rémi. Lors d’un cours de danse j’ai proposé à Rémi de faire un essai. On as donc poursuivi en trio il y a deux ans de cela environ.

Quel a été votre parcours Alban ?

Alban Gérôme, danseur  Par la porte ! Je suis comédien avant tout. Dans mon parcours j’ai beaucoup travaillé sur l’aspect corporel. En tant que comédien je suis même passé par un complexe avec le texte et, dès le départ, je sentais que vraiment ma première approche de la scène était corporelle, même si le théâtre m’attirait. Tout en débutant ma carrière de comédien j’ai collaboré avec des compagnies de danse, lors d’esquisses très courtes. Ou alors j’ai été casté pour faire la jonction avec des scènes dansées. Je faisais le Monsieur Loyal : je décrivais le texte, j’étais dans ce monde là. Stéphane et moi nous sommes rencontrés sur une résidence d’artistes. J’étais sur un projet théâtre et lui danse. Stéphane a présenté un solo. Il m’a proposé de venir travailler lors de ses ateliers Magma, une danse ou il n’avait pas seulement envie d’inviter des danseurs

Magma-R- Durand de Girard - C-Le DévéhatMagma

Il a ensuite souhaité créer d’autres agrégats de recherche autour d’autres matières avec des personnes qui avaient collaboré à Magma. Il y a eu plusieurs étapes de maturation comme le disait si joliment Rémi. Et puis on a été très nombreux, très peu, très nombreux… Et puis, petit à petit ça s’est affiné et on a trouvé une dynamique à présenter au public à trois.

Vous présentez Magma « contre le processus de dé-liaison qui marque la société contemporaine”, est-ce que vous poursuivez le projet dans cette optique ?

Stéphane C’est un projet sur lequel je vais travailler toute ma vie, c’est inépuisable. A chaque fois il faut repartir à zéro, car repartir à zéro c’est aussi faire un pas en avant. C’est ce qui me fait progresser dans ce projet : repartir à zéro. Ça demande une écoute des gens. Il y a des personnalités toujours différentes qui amènent quelque chose de différent, c’est simple et complexe. Un contact à deux c’est facile, un contact à plusieurs ça devient plus complexe. C’est une fiction dans ma tête, l’idée est née en se disant : plus on avance, plus on se rapproche du progrès et plus ça nous éloigne humainement du toucher. Pour des personnes qui n’ont jamais effectué de danse-contact, se tenir devient une thérapie. Et je l’ai remarqué par la suite car au début c’était une simple idée chorégraphique. J’ai laissé tomber l’idée chorégraphique tant j’ai trouvé le processus important pour moi et pour les autres. La chorégraphie subsiste car Alban fait partie des gens à qui j’ai demandé de le présenter et proposer des actions aux gens.

Alban C’est drôle car la forme de Mur mur, ses strates sont nées via Magma. Et le jour où l’on a laissé de côté cette forme, cette matrice est née : Mur mur. Les autres matières ont été nourries de cette matrice là. C’était clair, évident.

Stéphane Les Hommes Cabossés c’était ça. Au moment ou l’on était tous dans Magma, ils partaient tous et il ne restait qu’une seule personne complètement à l’envers et la personne essayait d’en sortir.

Sont-ils les débuts de la formation et du spectacle ?

Stéphane Les débuts furent un duo lorsque j’étais en résidence à Brest. La compagnie est née en 1998 à Arenes. Brest était le lieu du début de ce spectacle. A l’époque il ne s’appelait pas Mur mur, c’était juste des matières. En résidence j’ai travaillé avec une danseuse, ce travail de recherche m’a donné envie de faire un travail à plusieurs – homme ou femme. C’est pour ça que j’ai invité les copains: je connaissais des danseurs, comédiens pour mettre bout à bout ces matières là : elles étaient étranges pour moi, elles me perdaient bien mais m’intéressaient beaucoup. Ils ont été assez fous pour me suivre, je ne savais pas ou j’allais. Ça demandait donc un sacré investissement physique.

Au départ il y avait des danseuses mais ça ne collait pas. Dès qu’il y avait une violence on entrait dans une autre interprétation, ce n’était pas la direction recherchée.

C’est donc devenu un projet masculin ?

Stéphane  Oui. Lorsqu’on as dansé à trois danseurs c’est devenu masculin

Rémi  C’est un projet sans trop d’identité sexuelle

Stéphane Oui mais en même temps je vise la folie des hommes

Dans le spectacle on as l’impression que sous l’emprise de son propre territoire l’homme passe par des états ou stades différents. Par exemple : personnages ou archétypes tels que Bioman, on peut parler des “morts vivants distingués” car ils ont un certain style… Etiez-vous dans cet état d’esprit ?

Alban  Chaque spectateur voit quelque chose de différent mais ça nous as traversé consciemment ou pas. Je ne suis pas sûr qu’on as pensé à ces personnages mais il et vrai que nous sommes nourris de cette culture qui est aussi de notre génération – chacun de nous a le même age (Rires). C’est vrai que les mots employés font référence à des univers différents. La proposition reste ouverte.

Stéphane  Il y a un dénominateur commun : l’enfance. C’est comme une cour d’enfants peuplée de super héros, ça me parle

Alban Dans le début du spectacle il y a plein d’interprétations différentes du côté vibration des prières : soit mystique, soit très contestataire pour certains ou soit juste énergétique pour d’autres

Rémi La référence à Bioman m’a fait penser à un moment du spectacle ou je n’aurai pas pensé à placer ce moment là “Mais oui…! « C’est le moment ou avant les claques on exécute toute une série de postures martiales qui surgissent ainsi…

Stéphane  On voulait vraiment s’amuser car le fond n’était pas drôle. J’ai donc cherché quelque chose de léger, qui fasse voyager le public afin de permettre sa propre lecture.

Alban Une portée universelle, sans se prendre au sérieux, mais en y allant !

Rémi  Ça parle à beaucoup de gens : même à ceux qui ne sont pas amateurs de danse ainsi qu’aux enfants

Stéphane Pourquoi les Super-Héros ont été créés ? Car les gens sont faibles ! Ce que j’ai souhaité faire basculer ce sont toutes les croyances ou l’on met quelqu’un sur un pied d’estale : que ce soit en amour ou en politique,

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Dans l’un de vos spectacles : le solo « Lâche-moi » vous êtes accroché à une corde et l’utilisation de la force est constante…

Stéphane C’était aussi un super héros ?! Ce spectacle est également relié à Mur mur car j’y parle aussi des choses absurdes de ce monde. Dans ce solo je me pose la question “Qu’est ce que l’avancement ?” Avec toute la matière grise qu’on a, est-ce qu’on avance ?

L’actualité nous montre que les hommes sont fous… En plus nous sommes des hommes !

Comment vous est venue l’idée de la scène de “Strangers In the Night” ? Cette scène a un impact sur le spectateur, on as l’impression qu’elle s’éternise…

Stéphane Pour ce genre de matières je pense qu’il faut les faire durer pour qu’elles existent. C’est tellement simple, c’est tellement rien des Hommes Penchés et en même temps pour que ça existe…

Rémi On appelle ça les Hommes Penchés…

Alban Mais on c’est fait traiter de pingouins !

Vous imaginiez l’impact sur le public ?

Stéphane Au départ je ne pense pas au public, mais au propos, au sens. La scène d’avant est très énergique, à un moment donné au niveau rythme, son, vibrations, j’ai voulu un moment de calme et renversé comme le retour d’un iceberg

Alban Ça m’a fait penser à des positions de taï-chi. On s’est dit « Tiens avec cette position si l’on va jusqu’au bout est-ce qu’on va pouvoir continuer à avancer ? » Pour chaque matière il y a eu cette recherche. “Ah là c’est une contrainte, et qu’est ce qui se passe si l’on continue ?” Ça a crée ces mouvements, ces énergies

Stéphane J’aime bien travailler avec les contraintes qui imposent un état physique. Par rapport à cette contrainte, précisément, qui parle vraiment de la folie des hommes, aux hommes paumés c’est complètement absurde. Et après on s’est dit qu’on pouvait faire un ballet avec cette matière. J’aime utiliser les musiques en décalage : Frank Sinatra était un très beau chanteur et crooner mais un sacré salopard aussi.

Par rapport à votre style, à votre vocabulaire dansé le public pouvait constater que ça allait au delà de la danse, est-ce que vous estimez que vous avez développé un certain style ? Est-ce que ça résulte de vos rencontres artistiques passées ?

Stéphane  Sincèrement je n’en sais rien. J’ai fait de la danse très académique, je donne des cours de danse et mon danseur préféré est Buster Keaton. Donc les pirouettes ne me parlent plus. Quand je vais voir des comédiens ou des musiciens leur gestuelle me parle, pour moi c’est de la danse car c’est physique. Lorsque j’ai vu Alban travailler sur Magma, ainsi que des spectacles qu’il a pu faire dans d’autres compagnies : au théâtre, je trouvais que physiquement il n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit pour dégager quelque chose. C’est donc un interprète tel qu’un danseur. C’était pareil pour Rémi. Je me suis dit que j’avais besoin de rencontrer des identités. J’ai eu de la chance.

Ce qui est chouette c’était la première fois ou nous avions présenté cette forme là. En le visionnant nous rions beaucoup mais nous avions peur d’être les seuls à rire. Lorsqu’on l’a présenté devant un public, au Regard du Cygne les gens étaient explosés de rire. Ça nous faisait très plaisir d’entendre les gens rire : les personnes âgées, les enfants, des personnes extérieures au monde de la danse, des danseurs, des chorégraphes… S’il y a de telles réactions c’est que le travail est juste

Rémi  Pour nous la compréhension ou la non-compréhension de notre travail est passé par la présence du spectateur. Au niveau rythmique il faut savoir ce que ça va donner par exemple et tant qu’on ne l’as pas confronté au regard du spectateur ça reste hypothétique. Mais comme le dit Stéphane il ne faut pas penser qu’au spectateur

Stéphane  Je ne suis d’accord qu’en partie avec Rémi car ce qu’on présente est pensé, réfléchi, ficelé, et de là je suggère des choses et ce qui est suggéré manipule aussi le spectateur car je lui renvoie ces images. S’il me les renvoie c’est que j’ai visé juste. Il y a aussi l’idée de la libre interprétation de ce qu’on présente de manière large et ciblée. Voilà pourquoi je n’ai pas intégré de femme(s) au spectacle car ça n’allait que dans une direction. Et ça fermait les choses

Alban Je ne sais pas si tu peux dire que tu manipules… Tu suggères, tu amènes des pistes. D’ailleurs on pourrait dire aussi que si ça arrive très fort gardons notre ligne, gardons notre concentration, n’en rajoutons pas.

Vous aviez la tentation d’improviser…

Alban Ça peut être une tentation, alors que sur une même scène le public peut nous dire qu’il riait et d’autres publics pleuraient sur les Hommes Penchés. Donc le but c’est de garder le plus d’ouverture pour le plus d’interprétations possibles. Mais je rejoins Stéphane qui parlait de Buster Keaton, ça dépends toujours de la culture qui t’a nourrie. Des amis m’ont dit que notre spectacle leur faisait penser à Samuel Beckett, le côté noir, plus désespéré. Buster Keaton et Samuel Beckett ont fait un film ensemble. C’est le dernier film de Buster Keaton, donc la rencontre du burlesque, du tragique et de l’absurde. Ce travail est aussi teinté de ça : ça ne vient pas de nulle part, ce n’est pas une création même s’il y a des inventions qui nous sont propres mais ça vient aussi d’une tradition, d’une vision du monde qui est souvent ré-interrogée.

Rémi Par rapport à ce que je ressens de l’intérieur c’est que chaque situation donnée à voir est à multiple interprétation, mais ce n’est pas forcément la première idée – en tant que spectateur ou danseur – qu’on peut se faire de cette partie là et pas forcément l’idée qui restera à la fin. Pour les hommes penchés on entends beaucoup de rires, mais à l’intérieur des corps ce que je ressens c’est beaucoup de détresse. Il y a ce dialogue entre le spectateur – qui rigole énormément, alors qu’on sort d’une partie très physique ou le corps a mal et est enfermé : il reste droit. C’est presque un décalage entre ce qu’on ressent et ce qui se passe. Petit à petit la situation change, le public rigole moins.

Stéphane  La pièce n’est pas drôle. Le fond n’est pas drôle donc j’ai cherché une forme légère pour toucher ce fond là.

Il y a une forme sombre lorsque vous mimez une femme c’est presque un combat entre vous deux

Rémi Il y a beaucoup de violence…

Stéphane Mais toujours d’une façon un peu détachée

Rémi Ce qui rend encore plus violent la chose

Alban Ça s’est construit comme ça. A la fois construit, rythmé comme une partition musicale et en même temps improvisé – afin que les deux se mélangent tout le temps.

Stéphane Il y a une écriture. Des points de rencontre. Et dans ces rencontres il y a des matières différentes, comme dans les hommes penchés. Et dans les trajets c’est improvisé. Cette improvisation nous donne donc la liberté de créer chaque soir des choses différentes. Ça nous met en péril aussi. Ça nous met à l’écoute car on ne peut pas se cacher vers quelque chose d’écrit.

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Est-ce que tu aimes encore…

Après toutes ces passions, ces nuits d’épouvante à guetter l’être presque aimé… Ces manies, ces trajectoires, ce désordre rencontré dans ta quête (d’)absolu(e) ?

Cet amour que tu cherchais tant et qui parfois étranglait, basculait, se détournant de tes bras… Tu l’avais perçu, pressenti et bien sûr conquis…

Cette lutte, cet instantané : c’est ça que tu cherchais à conquérir ?

Avant cette course tu n’étais pas un être infatigable – il t’en avait fallu du temps pour te remettre, pour hurler à la vie ton envie de vivre et d’être aimé!

Ce n’est pas que le temps t’étais compté – la lutte est inégale face à notre société de trottoirs vers-glacés, rues aseptisées… Il te fallait retrouver un terrain de jeux… Un toboggan ou glisseraient à nouveau tes rêves de renouveau

Chasser l’incertitude : éloigner la mer(e) de tous tes doutes, celle qui t’avait parfois trop sermonné dans ta jeunesse, te répétant d’ « adopter un comportement élégant, une écriture soignée et un langage poli »… Mais toi tu étais un po(l)isson

Dans ton regard se tramait les dernières nuées de malice, celle qui était congénitale… Les traînées de poudre laissées pendant l’enfance t’avaient valu quelques réprimandes et punitions

Jamais de coups, les coups c’était pour les enfants disciplinés… Pour les enfants de ceux qui pensaient que la société les respecteraient

Toi tu avais compris.. Bien avant les autres, avant que l’institutrice ne cherche à t’humilier devant tes camarades… Tu n’étais pas dupe

« Pas d’émoi sans moi ! »

Il fallait que tu sois là, non pas au milieu de la foule, tu n’étais pas le clown de service qui faisait rire les lycéens… Tu serais celui qui existerait ! Les considérations des professeurs suscitaient les regards admiratifs des jeunes femmes… Et le mépris des autres

Ceux qu’on aimaient pas, qu’on ne regardent pas…

Ça t’étais intolérable d’être dans cette catégorie, car tu te mentais à toi même

Ton cœur brûlait d’aventures peu communes, de rencontres en tous genres, d’histoires à raconter

« Tout ça ce n’est qu’une étape ! »

La science des atomes t’étais familière, bientôt tu pensais découvrir la chimie des fluides, mais c’est la mécanique des sentiments que tu as découvert en premier

Pour satisfaire ton manque d’amour propre, le peu de considération que tu pouvais avoir – toi, scientifique à lunettes, l’obsédé des théories, l’homme navré de son manque d’influence envers l’ humanité…

Tu avais du ressort : au moins le monde rejaillirait d’histoires, de femmes à aimer… Comment pourraient t-elles faire autrement ?

Pas briseur de cœur pour un sou, il a fallu que toi l’homme bien sous tous rapports, rencontre une femme corrompue…

A pâlir de la sorte, éprouvé puis complètement apâli, se rapprochant d’un linceul… Tes parents à te voir dans cet hospice avaient failli à leur tâche, ils se demandaient s’ils auraient dû être moins tolérants ou plus durs, ou plus ou moins permissifs ou moins-plus, plus, moins, moins-moins, plus, plus… De ton côté ton esprit, tes pensées et tes envies étaient en jachère

Puis tout à changé : plus d’école, de parents, de lunettes… Tu avais décidé de rendre l’opticien f(l)ou… Un peu de sadisme n’avait jamais fait de mal !

« Quitte…! ou double… »

Tu n’étais pas un resquilleur mais tu t’y habituerai bien, tes nouvelles relations t’y encourageront

Et tu te retrouveras – parfois – désolé de tes attitudes, tes coups de sifflets, de colère… Ces tempêtes interminables qui t’avait empêtré dans la noirceur… C’était donc ça la vie, la vie d’un homme qui jouit de la vie ?

Gâchis, embrouilles, rend-coeur(s)… Tel était devenu ton lot

Tu plongeai dans l’amertume, tu apprenais le doute dans l’allégresse et la charité dans vos corps qui se mélangeaient dans l’immobilité de l’aurore…

Tu conjuguais tant et temps…  Et tant de femmes durant tout ce temps

Ce temps qui passe, et ces moments qui suivent… L’oubli, le vide, l’escarmouche

La fragilité de notre être, cette dimension futile de nos existences qui s’entrecroisent… Et se recroisent parfois, presque jamais en réalité, car une fois l’acte consommé c’est préférable d’en rester là…

Oui mais alors ? A quoi ça servirait, qu’est-ce qu’on ferait, qu’est ce qu’on en verrait de not’ vie ?

Les allers et retours, un métier pas toujours alléchant mais on as vu pire

Et puis c’est plaisant toutes ces rencontres, on naît jamais seul..!

Parfois on se retrouve comme mort, détruit, rongé de l’intérieur… Mais plus à genoux, ça c’est bien fini !

Tu l’as vu de près cette petite mort, tu en as compris les règles… Qui perds gagne et parfois morfle… Puis on revient à la raison, vivre avec une femme dans un coin douillet de la capitale, c’est pas la mort ça, hein ?

Et ce beau jour arrive et tout se met en route, le moteur de ta jolie décapotable est tout vrombissant… Après avoir trouvé votre point d’attache vous roucoulez comme les mésanges lors de leur première couvée…

Il faut admettre que la vie de couple et toi ça ne fait plus deux…

Consentir et ne plus dire mot a été banni de ton vocabulaire et malgré le vœu d’obéissance à l’amour, tout bascule…

Tu entends cette voix, elle est de retour et elle chuchote tout doucement :

« A force de vouloir aimer… aurais-tu trop aimé ? »

Volte-face… Le petit oiseau va mourir, s’il meurt cette fois ci…

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Hors-champ

 

Armée de terre cuite, découverte dans le tombeau de l’Empereur Qin, par Nee

Vision de l’ange de tous les espoirs, seul vestige intact d’un lieu immortel. Tous les éléments ont changé, il ne reste que la même jeunesse en partage d’idéaux.

Images d’ailleurs et dévolution des adolescents riant, attendant le service voiturier – qui a remplacé le banal car de ramassage. Portes qui s’ouvrent et qui claquent, pas un seul visage familier. Redécouverte hors-champ d’un passé proche, pas étrangers aux souvenirs.

On a pas fini d’attendre le visage, celui qui n’arrivera pas…

Que de paysages à ressusciter !

Au numéro 23 une trace époussetée ressurgit. D’un autre songe naquit un rendez-vous manqué. Reconnaissance d’une odeur de pinède sur fonds de maison devenue verte, immense escalier de bois menant à une bibliothèque improvisée. Evocation de ma camarade de jeux – brève pause, puis rebondissement.

Apologie des enseignants et stupéfaction d’enfance. Fracture dans l’épicentre, don de fleurs et de bonbons.

Et mon regard, scrutant son sourire immuable. Stop, arrêt sur image.

Circulation routière laissant les lions imperturbables. Devanture autrefois magique, de quelques gardiens de pierre trônant en aval d’une toute petite forteresse.

Seule la rencontre d’un capitaine endimanché d’un paletot – velours émeraude, casse cet espace-temps.

Aperçu d’une salle de classe, les pupitres d’écoliers ne sont plus rectilignes mais disposés en carrés. Le bureau principal n’est plus sur l’estrade, signe d’une autorité en désuétude…

A l’assaut de l’aventure un wagon nous mène vers de nouvelles destinations. Images de musées, dynasties et civilisations lointaines: Chine impériale et impérieuse.

Souvenirs, émerveillement, rigolades, … Chahut-bahut, désirs d’ailleurs…

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Mnemonic

« Gens » par Photos Libres

Un épisode fugace, des souvenirs lointains. Trouver celui qui collera parfaitement à l’attente. Sans ambages.

L’esprit est déconcerté, l’être dévêtu de son passé…

L’exploration débute. Archivage mental. Il faut passer ça au peigne fin, ne pas hésiter à scanner un ensemble – à déterminer.

Réminiscence de clichés familiaux, rebuts collectifs d’albums dispersés.

Bribes d’instants immortalisés, stockés dans des armoires transformés en faitouts débordants.

Accumulation de preuves de vie : rites de passages en tous genres. Instantanés d’émotions.

Commentaires laissés sans commissions. Vagabondages ou promenades à travers le temps.

Juste une autre page qui se tourne.

Rendez-vous est donné. A l’heure dite les pensées sont diffuses. L’accompagnatrice suggère de choisir le plus beau.

On tergiverse, on se remémore encore…

Puis, la mémoire se fixe sans appel. Retour cataleptique dans l’enfance. Détente automatisée des sens. Crispations, expirations et larmes dégringolantes.

Visualisations pacifiques. Sentiment familier et retrouvailles sommaires.

Affections utérines en déliquescence.

Sanctification du don sans oublis, ni alibis.

Cheminement de manuscrits. Répétitions des caractères. Soudure de reliures. Embellissements métaphoriques.

Mouvement de recul. Geste signal :

– « Extension, flexion »

Inspiration. Mise en abyme et redescente.

Entre-vues. Allégement. Déroulement de sapience.

Suite

Copyright ©  Céline Burr