C’est un jeu d’enfants – Pépite II

What the Body Does Not Remember by Wim Vandekeybus

[Mise en scène : imperceptible. Pas de rature ou de griffonnage … Tel un charpentier qui épure, le rythme est donné : pas de notation non plus, si ce n’est à la main. Effort mesuré, tambien.

Entre-deux.

Têtes à terres. Réalignement. Portrait de famille, d’initiés. Esquives.

Brykken (f) – bricks : s(p)ort qui se joue toujours à plusieurs, alignés, en règle !

Escadron de fabriques-à-corps, le tout dans une tentative de redimensionnement. Détermination de l’espace, on joue à qui perds gagne.

Jeux d’accords. Dé(tour)nement. Forclusion. Accéleration. Mon alter est beau. FIN]

Spectacle crée en 1987, couronné par un Bessie Award à New York (relation musique et danse)

Copyright ©  Céline Burr

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Quelle image avais-tu ?

                                                       Paris Ferris Wheel par Derek Key

La première fois que nous nous sommes rencontrées tu n’as guère été bavarde.

Tu t’es contentée d’observer, en souriant – un petit peu.

J’ai fais mine de t’accueillir en te saluant, cherchant mes mots dans ta langue, puis je t’ai offert un cadeau : une petite croix, toute simple.

Une chose qui ne signifie plus rien ici.

Ca ne m’as pas coûté grand chose, c’est ce que tu as pu te dire…

Un peu de mon temps, de ma générosité retrouvée, ici ne sont pas mes racines.

Nous avions si peu en commun.

Puis nous avons bavardé avec le reste du groupe. Ta tenue n’était pas adaptée au froid.

Tout le monde en était conscient, ils savaient que tu n’étais pas d’ici

Déjà nous te connaissions. Nous avions vu tes photos. Nous avions pu imaginer quelle était ta vie. Elles disaient tout de toi : ta famille et puis toutes les soirées passées avec tes ami(e)s.

Tu aimais la danse, t’entourer et surtout… danser.

Les regards étaient portés sur toi. J’étais heureuse de te rencontrer. Peut-être, en y réfléchissant te souviens-tu de mes sourires et de mes efforts ?

Mais la soirée t’a parue longue, voir interminable.

Puis nous sommes parti(e)s pour la prolonger. Nous avons choisi un quartier animé. C’est moi qui ai suggéré le dancing :  des rythmes entraînants et chaleureux sur fond rouge opaque.

Une ambiance – qui devait être – familière à tes yeux ?

Tu n’étais pas délurée car tu devais être et, tu étais ailleurs. Ta vie ici te faisait douter. Tu doutais de ses sentiments à ton égard.

La piste est restée vide. Puis nous avons échangé sur nos vie(s). J’étais rentrée dans ton monde puisque j’avais réussi à faire sauter la barrière de ta langue. Quelle chance ! Quel étonnement, je parlais cette langue encore étrangère et devenue si proche.

Avant de se dire au revoir le métro nous a permis de rire. C’était la danse du moment qui a éveillé notre joie. Les chevaux sautants et dansants étaient au rendez-vous. Ri-dicules, le mot dit tout… !

J’ai appris que c’était la première fois que tu voyais la vie ici. Loin de ton continent… Toi aussi tu avais pris l’habitude de rencontrer des étrangers.

Aujourd’hui je me demande quelle image tu avais de mon pays…

Le tien: je l’imaginais chaud, coloré parfois exubérant. J’y voyais des gens satisfaits de leurs vies. « Souriants en toutes circonstances », m’avait t-on rapporté… un sourire sans faille.

Alors pourquoi donc étais-tu venue découvrir cet autre continent ?

Retrouver tes ancêtres t’étais bien égal. Tu avais une famille aimante que tu avais laissée derrière toi. Et puis ce n’était pas non plus le travail qui t’avais conduite ici, car là-bas, il y en avait.

C’était l’amour qui t’avait emportée. Ton arrivée avait fait grand débat. Les uns et les autres s’étonnaient de ta hâte.

Et toi avais-tu hâte de découvrir cette autre culture ? Partageais-tu l’attrait des touristes pour cette capitale ? Finalement, avait-tu vraiment envie de faire connaissance…

J’ai appris que tu est restée ici, que ta vie a changé. Après ton mariage tu t’es occupée de toi et de ta nouvelle famille. Nous ne nous sommes plus revues ensuite. Mais tu danses toujours…

Copyright ©  Céline Burr

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De novo

Sentir la première note qui glisse d’entre ses doigts,

Oublier le reste – impérativement.

Poursuivre jusqu’à l’obtention d’une mélodie non-conflictuelle,

Permettre à l’harmonie de reprendre le dessus.

Se laisser envahir par le rythme, cette douce mélancolie qui nous transporte en mode mineur,

Mêler improvisation à sensations…

Se souvenir du visage de ce compositeur au sourire mi-malicieux, mi-bienveillant, nous fixant de ses binocles,

« Parti sans laisser la clé ».

Aborder des airs plus dramatiques pour finir net, rattrapé par la vie, le temps qui filent naturellement…

Copyright ©  Céline Burr

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