Tintement déraisonné de la corde contre l’arpège. Sortie d’un halo, c’est elle: l’esquisse…
L’une des trois grâces ne se pavane pas mais lie et délie. Les mouvements suivent un tracé équivoque, femme-peintre au tablier-toile. Elle nous rappelle que les contours ne sont pas flous
Dream n°1 :
Racines souterraines, un verger…
Femme-de-terre, l’ocre est la seule couleur visible à nos yeux…
Par sa table-sérail, l’éclosion de nos rêves se fond à travers sa main… tel un guide abstrait
Agencement, fougue de nos sens intérieurs. Elle fait filer les heures… Râle sombre de l’instrument…
Croisée de mains, croisée d’artistes. Main gantée, impermanente – fait face à la danse. Face à ce rivage le choix est inégal, la tenue austère ne laisse pas de résistance,
Les d(i)eux s’entravent. Du fond des temps jaillit une œuvre, remise – en mains propres
Dans une effusion de nuances, mains contre mains, au delà la dame gagne du terrain
Interlude, opacité du spectre. Une convention se noue entre la danseuse et lui. Retour sur soi, introspection : œuvre par-achevée. Silence du cœur et déchirement. Nouvelle moulure à l’abri des ombres. Transfiguration. Éloquence du geste, optique qui se diffuse
Résidus visuels lacérés – coûte que coûte, arrêt
Monde hypnotique, à touches rouges. Rites, à-coups musicaux.
Concept, fusion. La toile nous ralentit, le pinceau s’agace. Paysage onirique toujours pregnant
Sur le toit de l’écriture automatisée, la grâce s’éternise…
Tempo – le peintre s’exprime. Réflexion créatrice, intermède é-toilé. Momentum mécanique
Esquisse d’un autre rêve, place à l’imagination latente. Les idées se superposent, concept d’éternité
Encre qui fuit de notre chair, fin du tracé – ombres à jamais renouvelées
Le noir se mêle au rouge – marche rempart. Refuge illusoire, progression de la toile sans fond
Gong lascif, oscillement de l’esprit. Mesure fixée à travers nos mémoires. Silhouette figée dans le papier.
Dialogue avec Rothko, Carolyn Carlson, Grand Théâtre de Calais, 11 avril 2014