La danseuse guidée par l’arpège… Dans un flot de mots qui la propulsent, Veronica hypnotise les notes et les renvoie. Transfuge. Accrochée à un fil – qui s’étale, se tord, se noue: légèreté acquise
Comment vous est venue l’idée de ce spectacle ?
Je suis chorégraphe et créatrice contemporaine avec la matière du flamenco. Lors de mes échauffements je mettais les suites pour violoncelle de Bach.
Pour s’aérer, trouver de nouvelles façons de bouger, de ressentir la musique. Puis j’ai eu l’occasion de travailler avec un violoncelliste qui s’appelle Raphael Perraud, (violoncelliste à l’Orchestre National de Radio France). Nous avons fait de l’improvisation lors d’une soirée. Et nous nous sommes revus pour travailler sur la suite numéro 2. On s’est jurés de se revoir et de travailler cette suite pour violoncelle…le temps et la vie a fait que chacun était très occupé d’un côté et de l’autre…
Un jour, en résidence pour une création très différente j’ai remis les suites pour violoncelle.
J’ai rencontré d’autres artistes sur les lieux dont Sylvain qui travaillait sur plusieurs projets dont les suites pour violoncelle de Bach. Je lui ai dit :
– « Ca te dit qu’on se fasse un boeuf ?! »
On s’est rencontrés – en improvisation et, on as décidé de se revoir et de remettre ce projet en route. J’ai écrit la chorégraphie pour la Suite n°5 et n°2.
Il y avait une bonne cohésion entre vous deux : la danseuse et le musicien
Il y avait un écho, presque un fil qui vous reliait…
Oui. On l’as pensé comme ça. C’est un véritable dialogue entre la musique et la danse en général. En l’occurrence la musique de Bach interprêtée par Sylvain qui a sa propre adaptation.
Votre base est le flamenco ?
Je viens du flamenco, je suis identifiée en tant que tel mais j’ai été voir du côté d’autres disciplines de danse telles que la danse classique, le contemporain, …
J’ai des sources d’inspiration qui sont plus superficielles mais qui sont là : les danses urbaines. Le fonds est composé du flamenco et de la danse contemporaine. J’ai donc crée un style à moi – à cheval entre toutes ces disciplines.
Parmi vos influences en danse contemporaine quelles sont-elles ?
J’ai travaillé avec la compagnie Montalvo pendant des années. En tant que créateur il y a des gens qui forcent l’admiration tels que Pina Bausch …
Je vais vous donner un nom qui ne fait pas partie de la danse contemporaine mais qui est vraiment l’essence de la performance : Marina Abramovic – économie du mouvement.
Etes-vous née dans une famille de danseurs de flamenco ?
Je suis née à Toulouse. Ma famille est originaire de Granada, j’ai donc toujours été en connection avec l’Espagne. J’ai eu la chance d’ accéder à la culture classique en France et en même temps à la culture flamenca en Andalousie.
Qu’est ce qui pour vous vibre dans le flamenco, qui fait que cette danse est unique ?
Elle permet d’exprimer le désespoir et en même temps elle comporte beaucoup d’espoir.
Il y a toute la vie à l’intérieur de cette danse. La quête qui est aussi une voie – on est jamais arrivés. On peut exprimer beaucoup de choses simples ou spirituelles: c’est très riche ! En tant qu’artiste c’est une voie qui nous permet de s’affiner, de se questionner… Un art qui peut englober presque tous les aspects de la vie: les grandes joies, les grandes peines, la poésie du quotidien également. C’est surtout un art pluriel. Pour moi ça représente tout ça.
Le flamenco est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2010
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