Avant-scène  – Florent Mahoukou

Céline Burr : Pouvez-vous me parler de votre spectacle ?

Florent Mahoukou : C’est une performance que j’ai souhaité mettre en place avec l’utilisation de la peinture. Du maquillage naturel à base de kaolin.

« Dans le nord du Congo, les Mbochi utilisaient cette peinture »

C.B : Cette peinture est minérale ?

F.M : Oui, ce sont des minéraux que l’on utilise en perdurant les traditions. Cette peinture est utilisée dans d’autres danses (imitation des masques).

Pour certaines personnes c’est plus profond. Elle peut être vue comme la sagesse, la purification.

C.B : Y a t-il un rapport avec le sacré ?

F.M : Il y a un rapport avec la vie en général. Dans le nord du Congo, les Mbochi utilisaient cette peinture. Le roi utilise le bleu et le rouge. Le bleu est symbole de paix et le rouge de violence. L’ensemble est symbole de sagesse.

« Je me suis uniquement intéressé à la peinture du corps,

à cette beauté qui est reflétée à travers lui. »

C.B : Pour trouver l’harmonie ?

F.M : Oui. C’est la vie. A partir de cet ensemble, en tant que Brazzavillois et vivant dans la capitale, la tradition est inexistante.

J’ai donc fait un retour à la source. Il y a eu cette forte envie de travailler avec la peinture. J’ai voulu le « déplacer » pour rendre ça plastique, et associer la peinture avec le corps.

C.B : Est-ce que cette technique se transmet ?

F.M : C’est en « voie de disparition ». En tant que jeune citadin du Congo, je suis né à Brazzaville, j’ai grandi là bas et j’y ai fait mes études – nous n’avons pas facilement accès à cette technique. Ou alors on ne s’y intéresse pas, car on s’intéresse aux apports de l’occident.

Dans mon retour vers la tradition, je me suis uniquement intéressé à la peinture du corps, à cette beauté qui est reflétée à travers lui.

Je travaille sur un festival de rue se déroulant à Brazzaville pour la cinquième édition (Festival Rue Dance). Donc mon travail part de la peinture traditionnelle vers l’art plastique.

« Je suis danseuse de Butô. Cet apprentissage m’a été transmis par un maître au Japon »

C.B : Dans votre danse vous utilisez la « peinture de corps », avez-vous des influences ?

F.K : Je travaille beaucoup avec des matières. Lors de mon festival, je mets en place des improvisations, des performances. Nous utilisons des poudres.

Arissa Shirashi (Assistante de création-danseuse de Butô) est venue à Brazzaville durant le festival de l’année 2011. Notre performance a été conduite avec de la boue. Nous travaillons ensemble depuis 2010. Check One c’est un test, une expérimentation sur le travail de la peinture et du corps. J’ai fait appel à Arissa pour obtenir un regard extérieur. Elle maîtrise le travail sur le thème du corps, elle l’utilise également.

C.B : Vos recherches ont commencé à partir de quel thème ?

Arissa Shirashi : Je suis danseuse de Butô. Cet apprentissage m’a été transmis par un maître au Japon. J’habite ici depuis 5 ans. Nous nous sommes rencontrés au CCN de Caen (Centre Chorégraphique National).

« Antony and the Johnsons »

C.B : Où en êtes-vous dans votre processus de création ?

F.K : Nous sommes encore dans la recherche. C’est un travail qui me plaît, je pense garder cette forme dans mon répertoire. L’idée était de faire une recherche et par la suite de travailler avec la compagnie. L’équipe est composée de trois danseurs et Arissa la rejoindra.

La forme d’ensemble deviendra peut-être « Check Two ».

C.B : Avez-vous une playlist musicale à nous communiquer ?

F.K : J’écoute beaucoup de world music : Richard Bona, c’est un camerounais ; Lokua Kanza, il est originaire de la République Démocratique du Congo.

En ce moment j’écoute Antony and the Johnsons et Ben Harper.

Dans toutes ces musiques c’est la douceur qui m’attire.

A.S : Le groupe Antony and the Johnsons a fait un album pour le maître de Butô Kazuo Ohno.

« J’avais encore le sac au dos »

C.B : Comment s’est déroulé votre arrivée ou votre trajet à la Briqueterie ?

F.M : J’enchaîne trois solos en l’espace de dix mois. Je suis arrivé le 27 février. Le lendemain je suis allé au Tarmac de Paris pour interpréter notre projet « Sac au Dos ». Nous avons joué du 11 au 15 juin inclus. Le 17 juin, lorsque j’ai terminé cette représentation, j’ai débuté la résidence d’artiste à la Briqueterie.

J’ai senti que j’avais encore « le sac au dos » alors j’ai laissé passer trois jours !

Le 20 juin j’ai débuté mes recherches sur Check One au CND (Centre National de la Danse à Pantin).

Puis je suis reparti à Caen. Arissa est arrivée au mois d’août et nous avons débuté les recherches avec Gastineau Massamba, peintre congolais. Nous avons essayé beaucoup de choses.

Ensuite, nous avons quitté Caen. Je suis retourné au CND. Et enfin je suis arrivé à La Briqueterie le 02 septembre.

Le spectacle est provocateur : je donne des clés afin que chacun puisse construire une histoire ou une lecture personnelle. Pour moi ça reste une performance. Dans mon regard il y a plusieurs histoires.

J’ai voulu jouer avec des états et des moments.

CHECK ONE, work in progress, Cie FM/Studio Maho,

Les Plateaux: Soutenir la création

La Briqueterie, Vitry-sur-Seine

Copyright ©  Céline Burr

Toute reproduction ou copie même partielle est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’auteure

Publié par

CygneDistinctif

A vous promeneurs du web, lecteurs féru(e)s de découvertes, moi, jeune auteure passionnée d'art et de culture vous propose de vagabonder au gré de ces pages. Mon approche textuelle se veut volontairement « diluée » en désignant la banalité, la vie telle quelle – de l'absurde à l'émerveillement – lorsqu'elle se présente à nous. Au plaisir de vous lire !

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